Homélie du p. André Fortounatto à l’occasion de notre fête paroissiale

Dans la 3e prière de la liturgie, qui est lue juste avant la petite entrée, nous nous adressons à Dieu en Le priant : « accomplis à présent les demandes de Tes serviteurs pour leur bien, en nous accordant, dans le siècle présent la connaissance de Ta vérité, et, dans le siècles à venir, la vie éternelle ». Nous qui sommes baptisés, nous avons reçu la grâce de devenir les fils et filles de notre Père céleste, nous sommes devenus les temples du Saint-Esprit, selon les paroles de saint Paul. L’évangile d’aujourd’hui nous prévient que nous devons penser à ce qui est le plus important pour nous les chrétiens, c’est s’appliquer à notre salut. Pour cela nous devons apprendre à connaître Dieu, par la prière et par la lecture du Nouveau Testament et des livres spirituels. La connaissance de la Vérité de Dieu, nous permettra de discerner ce que Dieu fait pour nous par Son Fils, notre Seigneur Jésus-Christ. Il n’est pas possible ici de développer l’œuvre de salut de Dieu, mais je voudrais souligner le pourquoi de notre rencontre ici aujourd’hui. Vous savez que le mot grec eucharistie veut dire remerciement et le mot liturgie veut dire œuvre commune – donc nous sommes là pour accomplir une œuvre commune de remerciement.

L’office que nous allons célébrer maintenant est un sacrement. Le sacrement est un acte sacré destiné à la sanctification des hommes. Cet acte constitue une restauration de l’homme tout entier, dans sa dignité d’être créé à l’image de Dieu destiné à devenir semblable à son Créateur. Les sacrements sont des actes de l’Eglise entière, et non des actes isolés, et le Père envoie Son Esprit pour accomplir ce que demande l’Eglise. Mais la liturgie eucharistique n’est pas un des sacrements, elle est la manifestation et l’accomplissement de l’Eglise dans toute sa force, dans toute sa sainteté et dans toute sa plénitude.

Quand l’apôtre Paul écrit aux Corinthiens “ lorsque vous vous réunissez en assemblée … ” (dans le texte grec il est dit en ekklhsia), il dit bien en Eglise et non dans l’église (1 Cor. XI, 18). Cela veut dire que, lorsque nous nous réunissons pour célébrer la liturgie, nous nous réunissons en Assemblée ou en l’Eglise, c’est-à-dire nous constituons l’Eglise et nous entrons en communion avec la Sainte-Trinité, de même nous nous unissons les uns aux autres dans le Saint-Esprit. Nous allons à l’église et nous participons à la liturgie, non pas pour prier personnellement, pour satisfaire des besoins spirituels personnels, mais en allant à l’église et étant chacun membre du Corps du Christ, nous devenons tous ensemble l’icône du ce Corps et nous constituons l’Eglise. Cela veut dire également que ce qui se déroule durant la liturgie ne répond pas aux besoins de tel ou tel fidèle, mais ce qui s’y déroule est le mystère de toute l’Eglise, et ses membres sont en communion les uns avec les autres à l’image de la Sainte-Trinité. Lorsque une communauté chrétienne se réunit pour célébrer l’eucharistie elle devient l’icône de l’Eglise, Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Lors du dernier repas avec ses disciples, Jésus leur a donné en nourriture Son propre Corps et Son propre Sang, Il leur a enjoint de répéter cet acte : “ Faites ceci en mémoire de Moi ” (Luc XXII, 19), engageant sa présence à chaque assemblée.

Après les paroles institutionnelles, le prêtre rappelle le commandement du Christ « Faites ceci en mémoire de moi » et ensuite il dit la phrase suivante « Faisant donc mémoire de ce commandement pour notre salut et de tout ce qui a été fait pour nous : la Croix, le Tombeau, la Résurrection au troisième jour, l’Ascension au ciel, le siège à Ta droite » et il ajoute, et le second et glorieux Nouvel Avènement. Il est normal et judicieux de se souvenir de ce qui est passé et ce que le Christ a fait pour nous, mais dans cette phrase nous nous souvenons de ce qui va arriver : le second et glorieux Nouvel Avènement.

Ayant rejeté le Christ, et L’ayant tué, le monde s’est condamné lui-même à mort. Le monde va se terminer et débutera le siècle à venir. Puisque le Christ a vaincu le péché et la mort, puisque le Père a envoyé l’Esprit-Saint, le siècle à venir, c’est-à-dire le Royaume de Dieu est dévoilé, il nous est donné, il est déjà parmi nous. Le Royaume de Dieu, c’est la connaissance de Dieu, c’est aimer Dieu, c’est la communion et la vie en Lui. Le Christ est entré dans Son Royaume et chaque croyant en Lui, qui est né à nouveau par l’eau et par l’Esprit, appartient à Son Royaume et Le possède en lui. Mais le Royaume ne possède pas sur terre de signes extérieurs, le Royaume n’est pas de ce monde, mais il nous est déjà donné.

Lorsque nous célébrons l’Eucharistie, lorsque nous y participons pleinement, nous ne nous trouvons plus dans ce monde, mais nous communions déjà au Royaume, qui, d’après notre compréhension, ne viendra qu’après le Second Avènement – et ceci n’est pas une sorte de pensée pieuse ou une croyance en la vie à venir – le Royaume de Dieu est invisiblement présent parmi nous. Voilà en quelques mots le mystère que nous allons maintenant vivre. Dans quelques instants nous allons entamer la partie centrale de la liturgie et la plus importante, aussi je vous invite à vous unir aux paroles à que je vais prononcer en votre nom afin que vous soyez réellement tous concélébrants et que nous comprenions dans quelle réalité divine nous introduit par la grâce du Saint-Esprit l’office que nous célébrons.