La proscomédie

La proscomédie. Troyes mai 2015

 Quand notre paroisse n’avait pas de site-internet, nous publiions des bulletins paroissiaux, plus ou moins trimestriels. Il y a huit ans l’un de ces bulletins était consacré à la proscomédie. Je pense qu’il serait utile de revenir sur cette question – il s’agit de la phase préparatoire à la liturgie. Elle est indispensable, et cette phase est symbolique, c’est-à-dire qu’elle manifeste de façon concrète des réalités qui ne sont pas visibles à nos yeux, parce que nous sommes très loin de la perfection, parce que, en langue des Evangiles, nous sommes aveugles, ou en tout cas mal-voyants sur le plan spirituel.

Après avoir lu les prières d’entrée, le prêtre entre dans le sanctuaire, il revêt ses vêtements sacerdotaux, puis il se dirige vers la table de préparation, située à gauche de l’autel. Il commence à célébrer la proscomédie, la préparation à la liturgie. Il prend l’un des cinq pains ronds, nécessaires à la liturgie. Ces cinq pains levés sont faits à partir d’une farine blanche, de levure et d’eau. Ils sont constitués de deux parties superposées. Chacune de ces parties représente l’une des deux natures du Christ, complètement homme et complètement Dieu.

Le prêtre découpe le premier pain des quatre côtés, puis il en découpe le fond et pose le cube obtenu au milieu de la patène. C’est l’Agneau qui symblise le Christ, c’est l’Agneau qui servira à la communion du clergé et des fidèles.

Ensuite, il découpe une parcelle triangulaire dans un second pain et la dépose sur la patène, à la droite de l’Agneau. Cette parcelle symbolise, cette parcelle représente la Mère de Dieu, la Mère du Christ.

Le prêtre prélève ensuite neuf petites parcelles d’un troisième pain qu’il dispose à gauche de l’Agneau. Chacune de ces parcelles symbolise l’une des neuf catégories de saints, dont il cite un certain nombre de noms.

En prélevant la première parcelle, le célébrant mentionne le prophète et précurseur Jean Baptiste.

         En prélevant la seconde, il mentionne les prophètes Moise, Aaron, Elie, Isaïe, David, Jessé, Daniel et tous les prophètes.

En prélevant la troisième parcelle, le prêtre mentionne les apôtres Pierre et Paul et les autres apôtres.

En prélevant la quatrième parcelle, il mentionne les saints évêques, les hiérarques et les docteurs de la foi Basile le Grand, Grégoire le théologien, Jean Chrysostome, Irénée de Lyon, Hilaire de Poitiers, Germain d’Auxerre, Martin de Tours et un certain nombre d’autres grands docteurs de la foi.

En prélevant la cinquième parcelle, il mentionne une série de martyrs.

La sixième parcelle symbolise les pères théophores, c’est à dire porteurs de Dieu, les moines Antoine, Benoît, Serge de Radonège, Séraphin de Sarov, et des moniales, dont Marie l’Egyptienne.

La septième parcelle symbolise les saints thaumaturges, les guérisseurs anargyres, qui soignaient gratuitement. Il cite Côme, Damien, saint Pantaléon et d’autres saints guérisseurs.

En prélevant la huitième parcelle, le prêtre commémore ceux qu’on appelle les Ancêtres de Dieu, Joachim et Anne, le ou les saints patrons de l’église où il célèbre, les saints du jour mentionnés dans le calendrier et les saints qu’il a envie de commémorer.

La neuvième et dernière parcelle du troisième pain est prélevée en mémoire de l’auteur de la liturgie qui est célébrée – saint Jean Chrysostome ou saint Basile le Grand.

Il reste deux pains : la quatrième, et la cinquième et dernière prosphore.

Le prêtre découpe deux parcelles dans la quatrième prosphore – une première parcelle en commémorant ses autorités ecclésiastiques, le patriarche et l’évêque dont il dépend, et une seconde parcelle pour le pays où la liturgie est célébrée, ses autorités civiles et sa population, et il dispose les parcelles sur la patène devant l’Agneau.

Et enfin, le prêtre découpe une parcelle dans la cinquième prosphore en commémorant les défunts patriarches, les fondateurs de l’église où il célèbre et tous les défunts et il pose la parcelle également devant l’Agneau.

Ensuite le prêtre prélève des parcelles pour tous les vivants et tous les défunts qu’il désire commémorer. Il dépose ces parcelles sur la patène devant le Christ, devant l’Agneau qui servira pour la communion.

Ensuite, et c’est là que vous intervenez, les fidèles présents apportent leurs dyptiques, c’est à dire les listes de vivants et de défunts, avec une petite prosphore, qu’ils peuvent se procurer à la table où l’on vend les cierges. Le prêtre prélève des parcelles pour les vivants et les défunts, dont les paroissiens lisent les prénoms à haute voix. Tous seront associés à la liturgie et le prêtre demandera à la fin de l’office que Dieu efface leurs péchés.

Les paroles exactes sont : «  Lave, Seigneur, par Ton sang précieux, les péchés de Tes serviteurs dont il a été fait mémoire ici, par les prières de Tes saints. » Vous aurez été des co-célébrants.

Pour résumer, sur la patène, l’Agneau, c’est à dire le Christ est entouré par l’Eglise tout entière qui est rassemblée autour du Christ à chaque liturgie, partout où elle est célébrée.

La lecture des dyptiques se faisant en dehors de l’autel, avant le début de la liturgie de la parole, tout le monde peut s’approcher, de la table de préparation des Dons en apportant ses prosphores, pour lire à haute voix les noms figurant sur les dyptiques, les listes remplies au préalable. Pour ceux qui arrivent en retard ou juste pour le début de la liturgie, tout le monde n’habite pas près de l’église, la lecture des dyptiques peut se faire pendant que le chœur chante les antiennes, après la grande et les deux petites litanies du début de la liturgie, et ensuite juste pendant le chant de l’hymne des chérubins, juste avant la grande entrée, quand le prêtre transfère les dons de la table de préparation à l’autel.

Ne négligez pas cette dernière possibilité. C’est loin d’être la solution idéale, mais c’est mieux que de ne pas le faire.