Dimanche de Zachée  Troyes 02 / 2016   Lc 19, 1-10

         Nous sommes tous des « Zachée ». Mais qui était Zachée ? Il était le représentant de tout ce qui était rejeté par ses contemporains. Il était riche dans une région où presque personne ne l’était, dans une région où une vie frugale, une vie modeste était la norme. Et sa richesse était le résultat de malversations. La plupart d’entre nous n’entrent ni dans la catégorie des riches, ni dans celle des voleurs en cols blancs. Alors en quoi sommes-nous des Zachée ? Nous le sommes, parce que nous nous péchons en permanence, parce que nous sommes tous des pécheurs. Si nous n’en avons pas conscience, il faudrait alors que nous nous inspirions de l’humilité de Zachée – il veut absolument voir le Christ, mais ne se sent pas digne de l’approcher. Il ne se met pas au premier rang à Son passage, comme il pourrait le faire en tant que notable, il grimpe sur un arbre, sans avoir peur du ridicule. Il fournit un effort inouï – imaginez le directeur des impôts ou un haut-fonctionnaire de Troyes grimpant sur un réverbère ou un arbre, au passage d’un prédicateur qui prêcherait dans les rues de la ville. Notre présence aux offices, elle ne demande pas ce genre d’effort, et pourtant …

Il faudrait aussi que nous nous inspirions de la conversion de Zachée. Il est tellement surpris que le Christ S’invite à Sa table qu’il décide de changer de vie. Lorsque nous participons à la liturgie, nous aussi répondons à l’invitation de Dieu qui nous invite chez Lui, dans Ses demeures que sont les églises de pierre ou de bois bâties par les hommes pour L’accueillir. En cela, nous invitons également le Christ à venir chez nous, et en nous. L’invitation est double, mutuelle.

Il arrive parfois, malheureusement, qu’à l’invitation à la liturgie, soient préférées les invitations du monde. Nous rendons-nous compte de ce que cela signifie ? Aurions-nous honte de donner la priorité à la vie ecclésiale ? Ressentons-nous le même sentiment d’indignité qu’a éprouvé Zachée, ou bien oublions-nous à quel point nous sommes pécheurs, à quel point nous sommes loin de la perfection à laquelle nous sommes appelés – ce qui devrait nous empêcher de dormir ? Estimons-nous que c’est à nous que le Christ devrait être redevable, parce que nous avons sacrifié notre dimanche matin ? Et si, par bonheur, ce n’est pas le cas, si nous nous rendons compte que nous ne méritons pas plus l’indulgence du Christ, que Zachée ne l’a méritée, que faisons-nous en sortant de l’église, que faisons-nous après l’office, dans notre quotidien, pour changer notre vie, comme Zachée a changé la sienne, pour mettre notre vie le plus possible en accord avec ce que Dieu attend de nous ?

Dieu n’attend pas de nous que nous devenions parfaits, Il sait, et les apôtres savaient que cela est impossible, mais Il attend que nous fournissions au moins des efforts, et sans attendre une quelconque récompense.

Les portes du Royaume sont étroites, le Christ les a comparées à celle d’une porte d’entrée à Jérusalem, trop basse pour que les chameaux puissent passer debout et avec leur chargement. Et dans la parabole du « Serviteur inutile », Il nous fait comprendre que si nous parvenons à quelques résultats, nous ne faisons que ce qu’il faut et ne devons en attendre aucune gloire. Malgré ces deux avertissements formulés par des paraboles, continuons de fournir des efforts, même si nous ne constatons que peu de progrès, sachant que si nous le faisons, Dieu compensera nos insuffisances, parce que ce qui est impossible aux hommes et possible à Dieu.

Nous allons entrer la semaine prochaine en période de pré-carême. Il est difficile à raison d’un office par mois de s’en rendre compte. La lecture, en fonction des possibilités de chacun des textes quotidiens, ou au moins hebdomadaires, indiqués dans le calendrier liturgique, aide à cette préparation. Le chemin vers l’ascèse physique est lui aussi progressif. Il se fait en douceur. Le dimanche 6 mars est celui du carnaval c’est à dire de l’adieu à l’alimentation carnée. Commence alors la semaine des laitages et du poisson, auxquels on renonce à leur tour le dimanche du Pardon.