Excellences,
Révérends Pères Doyens,
Révérends Pères Recteurs,
Révérends Pères,
Pères Diacres,
Moines et Moniales,
Ce lundi 28 février, avant que de prendre connaissance du texte de l’homélie prononcée par Sa Sainteté le patriarche Cyrille dimanche 27,
je faisais parvenir au métropolite Antoine la lettre-mail ci-dessous :
« Cher Vladyka, je pense bien à vous tous dans cette situation si tragique entre frères russes et ukrainiens, cette invasion, cette violence envers des civils, ces destructions et cet avenir si noir qui se profile avec toutes ces sanctions. Pourquoi cette guerre qui donne une image si négative de la Russie que nous portons tous dans nos cœurs ? Ici nous ressentons déjà une méfiance entre Russes et Ukrainiens, quelques communautés sont sous tension. Nous prions tous le Sauveur ami des hommes pour que cesse cette guerre fratricide et que tous nos chefs d’Etat fassent le maximum pour arrêter ces combats meurtriers.
Cher Vladyka, veuillez assurer Sa Sainteté de nos ferventes prières pour le rétablissement de la paix et de la concorde entre nos frères souffrants. Nous prions aussi pour le repos de l’âme de tous les combattants morts dans ce conflit inutile. Qu’ils reposent dans la paix.
En communion de prière avec vous tous. + Jean de Doubna. »
Sans doute une pastorale fondée sur l’Evangile doit-elle toujours, quels que soient les drames et les passions, privilégier l’appel à la prière et à la pacification en évitant les formulations précises toujours susceptibles d’engendrer de nouvelles passions, comme le suggèrent les première et deuxième demandes de la grande litanie de paix : : « En paix prions le Seigneur, … Pour la paix du monde entier, la stabilité des saintes églises de Dieu et l’union de tous, prions le Seigneur ». Dans cet esprit, il me paraissait juste de ne pas interpeller le patriarche dont nous devinons la situation extrêmement difficile dans laquelle il se trouve et qu’il nous est sans doute impossible d’évaluer comme il se doit.
Cependant après lecture de l’homélie de sa Sainteté prononcée le dimanche 27 février, je prends la mesure du trouble supplémentaire qu’ont pu susciter des formules telles que l’ évocation des « forces mauvaises qui ont toujours combattu l’unité de la Rus et celle de l’Eglise russe… » ou encore « ne donnons pas aux puissances extérieures obscures et hostiles l’occasion de se moquer de nous… ».
Ces propos ont de toute évidence suscité la déclaration du Saint Synode de l’Eglise orthodoxe ukrainienne (Patriarcat de Moscou) en date du 28 février: « Conscients de cette responsabilité spirituelle particulière, nous nous adressons aujourd’hui à Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie. Votre Sainteté ! Nous Vous demandons d’intensifier vos prières pour le peuple ukrainien très éprouvé, d’exprimer votre parole primatiale pour que cesse l’effusion de sang fratricide sur le sol ukrainien et d’appeler les dirigeants de la Fédération de Russie à arrêter immédiatement les hostilités, qui menacent déjà de se transformer en une guerre mondiale », en complément de la déclaration de son primat le métropolite Onuphre du 22 février : « L’Église orthodoxe ukrainienne, de façon conséquente, a soutenu et soutient l’intégrité territoriale de l’Ukraine et appelle ses fidèles à prier pour la paix dans notre État ukrainien et dans le monde entier », a souligné le métropolite Onuphre. « J’appelle les chefs d’État et tous ceux dont cela dépend de ne pas permettre une nouvelle guerre. La guerre est un péché grave devant Dieu », a déclaré le primat de l’Église orthodoxe ukrainienne. »
Bien que notre Archevêché soit géographiquement externe au terrain de l’affrontement et en dépit de la diversité de ses composantes, une quasi-unanimité semble se dessiner en faveur d’une prise de position analogue de votre archevêque exprimant la solidarité avec l’ensemble du peuple ukrainien et des églises orthodoxes ukrainiennes, et demandant à sa Sainteté le patriarche Cyrille d’intervenir auprès des autorités politiques de la Russie pour cesser immédiatement cette agression.
Les paroisses et communautés de notre Archevêché, doivent redoubler de ferveur et de prière pour que cesse cette infâme guerre fratricide. Nous vous suggérons de rajouter ces prières aux ecténies instantes pendant la Divine Liturgie en faveur de la paix en Ukraine :
– Seigneur, jette un regard compatissant sur le peuple de la terre d’Ukraine et rends-le inébranlable devant ceux qui y sèment le trouble, Seigneur miséricordieux, nous T’en prions, écoute-nous et ai pitié de nous.
– Que soient illuminées par la lumière de la sagesse divine les pensées de ceux qui sont assombris par la faiblesse humaine. Fortifie Tes fidèles en terre d’Ukraine et garde-les saufs, nous T’en prions, écoute-nous et aie pitié de nous.
– Toi qui as donné le commandement de T’aimer ainsi que notre prochain, fais que les haines, inimitiés, corruptions, effusions de sang et autres iniquités prennent fin et que règne l’amour véritable, nous T’en prions, écoute-nous et aie pitié de nous.
De plus, nous vous invitons à dire cette prière après la grande litanie ( sugubaia) suivant l’évangile:
« Seigneur Jésus-Christ notre Dieu, Tu as détruit le mur d’inimitié, Tu as accordé la vraie paix à Ton peuple, et Tu as appelé les artisans de paix ‘bienheureux fils de Dieu’. Nous T’implorons : bénis ceux qui recherchent la vraie paix et ceux qui travaillent pour cette cause. Éclaire les esprits et les cœurs de tous ceux qui veulent s’engager dans l’œuvre agréable à Dieu de la paix. Donne la sagesse à ceux qui détiennent l’autorité, renforce la volonté des gouvernants de nos peuples et éclaire leurs esprits afin qu’ils puissent travailler avec sagesse, discernement et grand souci du bien à la construction de la paix désirée. Par la grâce de ton Esprit Saint, fais que la paix se fasse dans tous les peuples, non par des paroles, mais par des actes, afin que les orphelins et les veuves soient réconfortés et ne pleurent plus, mais se réjouissent en voyant la paix attendue. Adoucis les cœurs endurcis, afin qu’ils recherchent dans la douceur la concorde et l’amour. Bénis chaque homme et apprends-lui à comprendre et à faire Ta volonté, qui est le salut, l’amour, la paix et l’union de tous les hommes. Car Tu es le Roi de la Paix, à laquelle il n’y a pas de limites, et à Toi soient la gloire, l’action de grâce et l’adoration, avec Ton Père sans commencement et à Ton très saint, bon et vivifiant Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen ».
Nous vous proposons à la fin de la Divine Liturgie cet office (ci-joint) pour l’accroissement de la charité (dans le trebnik). Si vous avez des questions liturgiques, je reste à votre écoute.
Enfin il est bon que nos paroisses s’engagent au niveau humanitaire en proposant aux fidèles de participer généreusement à l’envoie des dons nécessaires pour les réfugiés en vous joignant aux associations caritatives locales afin de participer de manière concrète à l’aide humanitaire. Chaque paroisse doit selon ces possibilités en concertation avec les fidèles et les associations prévoir si possible un accueil temporaire pour les réfugiés ukrainiens.
Dans ce temps où nous allons nous engager dans le Grand Carême, que notre jeûne soit un vrai jeûne de partage avec nos frères souffrants.
Je me prosterne devant vous tous et vous demande pardon si je vous ai blessé en quoi que ce soit. Priez pour moi .
+ Jean de Doubna