Pierre et Paul

Pierre et Paul Troyes 2014

            Nous fêtons aujourd’hui deux apôtres qui ont un statut particulier – on les appelle souvent les coryphées, les princes des apôtres. Une forme de prééminence est accordée à deux hommes très différents l’un de l’autre, et dont les parcours spirituels ont été également radicalement différents. Cette prééminence s’explique par l’importance du rôle qu’ils ont joué dans la fondation de l’Eglise primitive. Mais bien d’autres saints disciples et apôtres ont aussi apporté leur contribution à la diffusion de l’Evangile dans le monde. Saint Paul a écrit que tous les membres de l’Eglise La servaient, chacun à sa manière, chacun selon les dons qu’il a reçus de Dieu. Les disciples du Christ, ceux qui L’ont suivi, étaient des gens simples, à l’exception de Matthieu, le collecteur d’impôts, auteur présumé de l’Evangile qui porte son nom. Auteur présumé parce que les Evangiles écrits ont été rédigés vers la fin du 1-er siècle, soit par les auteurs eux-mêmes, soit par leurs disciples qui ont entendu la version originale, la version orale des Evangiles. N’oublions pas que dans le monde juif de l’époque du Christ, la tradition orale précède toujours sa version écrite.

            A la Pentecôte, les disciples illettrés ont été transformés en orateurs subtils. L’apôtre Jean, celui que le Christ préférait est devenu théologien. C’est d’ailleurs ce qualificatif que L’Eglise a adjoint à son nom. Au passage, l’Eglise n’a accordé le titre de théologien qu’à trois saints – à l’apôtre Jean, à Saint Grégoire de Naziance et à Saint Syméon le Nouveau théologien …

            Parmi les premiers disciples, l’évangéliste Matthieu et Saint Paul sont donc des exceptions. Saint Paul, lui, était un fin lettré, un pharisien érudit, formé par Gamaliel, le grand maître du judaïsme de l’époque du Christ.

            Si l’on compare les écrits des différents disciples, les quatre évangélistes sont faciles à comprendre, même si Saint Jean-le-théologien a une approche un peu plus complexe. L’évangéliste Luc, médecin syrien d’Antioche, a fait une étude historique que tous peuvent comprendre sans difficulté. Les évangélistes Matthieu et Marc, qui s’est inspiré de l’enseignement oral de l’apôtre Pierre, les apôtres Jacques, Pierre et Jean dans leurs épîtres ont tous utilisé une langue simple, ils se sont mis à la portée de tout un chacun. Après tout, le Christ avait demandé qu’on laisse venir à Lui les enfants. La Bonne nouvelle, l’Evangile doit être compréhensible par tout le monde.

            Les épîtres de l’apôtre Paul, en revanche, sont souvent complexes et leur interprétation est loin d’être évidente. Elles sont cependant extrêmement riches en enseignements. Et il faut les lire et les relire et prier leur auteur de nous aider à les comprendre. Plusieurs Pères de l’Eglise recommandent de s’adresser par la prière aux auteurs qui ont rédigé le Nouveau Testament et aux saints qui ont écrit des ouvrages théologiques pour leur demander d’éclairer leurs lecteurs.

            Nous avons pu récemment assister en direct à la télévision à la rencontre à Jérusalem de l’évêque de Rome et de l’évêque de Constantinople, la Nouvelle Rome. Un jour viendra où les évêques de Moscou – la troisième Rome et ceux des autres Patriarcats se joindront à ceux de Rome et de Constantinople pour mettre fin à la division entre chrétiens occidentaux et orientaux. Le Patriarche Athénagoras et le pape Paul VI étaient parvenus à la conclusion que la diversité dans l’Eglise n’était pas obligatoirement un obstacle à l’unité. Le chemin vers l’Unité sera encore long et difficile. L’unité ne pourra être obtenue que si l’ensemble des Eglises-sœurs orthodoxes parviennent à une attitude commune sur ce point, et si l’unité ne se fait au détriment ni des uns, ni des autres.

            Saint Paul et Saint Pierre ont été très différents, ils ont servi le Christ et l’Eglise, ce qui revient au même, chacun à leur façon. Dans notre communauté chaque paroissien, sans exception, des plus jeunes aux plus anciens apporte sa contribution à la vie de la paroisse, en fonction de ses talents, en fonction de ses possibilités. Il y en a un parmi nous qui s’implique tout particulièrement et depuis longtemps dans la vie de notre communauté et dont c’est aujourd’hui la fête, puisqu’il porte le nom de Paul. Nous lui sommes tous reconnaissants pour son dévouement sans failles. A la fin de la liturgie, nous lui souhaiterons de « longues années », mnogaïa leta.