rentrée de septembre

Rentrée de septembre 2014 Troyes

            Le Nouvel an liturgique est fixé par notre Eglise au 1-er septembre. Dans notre Patriarcat, c’est aussi le jour de la Création. Cette commémoration a été instituée en 1989 par le patriarche de Constantinople Dimitrios, et son successeur, le patriarche Bartholomée, a fait composer des vigiles pour la fête.

            Il y a de nombreuses façons de comprendre la parabole des talents. Ces interprétations ne sont pas exclusives l’une de l’autre. Et l’on peut établir un parallèle avec la Création. Le premier homme a reçu la vie et il a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Ce premier talent, cette ressemblance, Adam devait la développer, mais en restant volontairement soumis à Dieu, en ne faisant pas un mauvais usage de sa liberté. Nous savons qu’il a voulu s’affranchir de cette soumission. Le premier homme a reçu un second talent – Dieu a voulu lui accorder le statut de co-créateur. Même après la chute, il a reçu la terre sur laquelle nous vivons et en a été responsable comme nous le sommes encore actuellement. En plus de la terre où nous vivons, chacun de nous a également reçu des dons, à commencer par la vie, puisqu’il nous a été donné de naître, puis toutes les facultés physiques, intellectuelles et spirituelles qui nous ont été aussi données à la naissance et que nous sommes appelés à faire fructifier. Il est normal que nous ayons à assumer une forme de responsabilité pour l’accomplissement de ces dons. Que personne ne pense qu’il n’en a reçu aucun – encore une fois, cela vous a été souvent dit ici, tout le monde n’est pas obligatoirement un génie, tout le monde n’a pas vocation à être un sportif ou un artiste de haut niveau, mais il y a un don que nous avons absolument tous reçu, un don qu’il nous faut développer – c’est la faculté d’aimer son prochain. Le prochain, c’est toute personne qui a besoin de nous, et nous avons tous besoin les uns des autres.

            En ce début de septembre, nous mettons l’accent sur le premier don que nous avons reçu en même temps que la vie, nous mettons l’accent sur la sauvegarde du monde qui nous a été confié. Dans le récit biblique de la Création, il est dit que Dieu a créé le monde en sept jours – il s’agit de sept étapes et non de sept jours terrestres. La durée d’une journée sur Mercure vaut 59 jours terrestres, sur Vénus elle en vaut 117. Dieu, par définition, n’est pas limité par les contingences, par le calendrier astronomique de la planète sur laquelle nous vivons, ni celui de toute autre planète de l’Univers. A l’issue de la Création Dieu exprime Sa satisfaction – « Dieu vit tout ce qu’Il avait fait, et que c’était très bon ».- est-il écrit. Auparavant, Il avait confié la terre au premier couple d’humains : « Dieu les bénit et Il leur dit : Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la » – lisons-nous dans la Genèse. La domination dont il est question ne signifie pas que l’homme peut faire tout ce qu’il veut avec la création, cela signifie qu’il ne doit pas lui être soumis, qu’il ne doit pas être dominé par elle. Nous pouvons ajouter que l’homme est responsable de ce qui lui a été confié, et qu’il ne doit pas le détériorer.

            Lorsque le premier homme a enfreint la seule interdiction qui lui ait été faite, lorsqu’il a voulu « posséder la connaissance de ce qui est bon ou mauvais et être comme Dieu », il s’est chassé lui-même du paradis. Il est rapporté que Dieu lui a alors dit : « parce que tu as mangé de l’arbre dont Je t’avais formellement prescrit de ne pas manger, le sol sera maudit à cause de toi. C’est dans la peine que tu t’en nourriras tous le jours de ta vie (…) jusqu’à ce que tu retournes à la terre car c’est d’elle que tu as été pris. Oui, tu es poussière et à la poussière tu retourneras ». Il est écrit quelques lignes plus loin que « la terre s’était corrompue devant Dieu et s’était remplie de violence ». Le premier homme s’étant privé de la première chance qui lui avait été offerte par Dieu, une deuxième chance a été offerte à Noé et à ses enfants après le déluge, puis une troisième et dernière chance nous a été offerte par le Christ.

            Pour un chrétien ou un juif, la terre n’est ni bonne, ni mauvaise, elle est neutre. Et l’homme ne peut maîtriser ni les éruptions volcaniques, ni les tremblements de terre, ni les raz-de-marée qui engloutissent indifféremment les bons comme les mauvais. En revanche, il est appelé à veiller à ce que son comportement n’accentue pas les désordres naturels. Le détournement des fleuves, l’exploitation déraisonnable des ressources terrestres, la pollution qui s’accroît du fait de l’augmentation exponentielle de la consommation, tout cela va à l’encontre des plans de Dieu. Il a créé un monde parfait, l’homme, co-créateur, l’a rendu imparfait. Il n’a pas fait fructifier son talent. La fête de la Création nous rappelle cela et nous met en face de nos responsabilités.