5-ème dimanche de carême

5-ème dimanche de carême Troyes 2014

Nous allons fêter Pâques dans deux semaines. Le carême est une période où nous essayons de revenir aux normes qui devraient être les nôtres en permanence, tout au long de l’année. Nous sommes appelés à faire le ménage de notre âme pour fêter le plus dignement possible la Fête des fêtes, la Résurrection du Christ, sans laquelle notre foi serait vaine. Nous sommes appelés à la perfection, et notre imperfection peut nous décourager.

Saint Jean Climaque, que l’Eglise a commémoré dimanche dernier, répond à notre découragement : « Aussi dépendants que nous soyons de nos penchants, – écrit-il, aussi graves que soient les maladies de notre âme, gardons-nous bien de perdre courage ; mettons, au contraire, en Dieu une confiance pleine et entière. Ainsi, alors même que nous nous sentons faibles, soutenus par la fermeté d’une foi inébranlable, présentons-nous devant le Christ, et avec une grande simplicité et une profonde humilité, exposons-Lui notre faiblesse et nos misères, l’abattement de notre âme et de notre corps ; et, tout indignes que nous soyons, Il nous tendra la main avec bonté, et nous prendra sous Sa puissante protection avec une tendre charité ».

Le père Alexandre Men’ proposait à ses paroissiens des prières pénitentielles où il passait en revue tout ce qui nous éloigne de Dieu. Suivant la tradition du p. Alexandre, dont il était proche, le père Vladimir Lapchine fait précéder chaque liturgie dominicale d’une prière pénitentielle, dans sa paroisse de Moscou. Les deux prêtres reprennent l’appel de Saint Jean Climaque à « exposer devant Dieu nos faiblesses et nos misères », et à reconnaître « notre indignité ».

Nous allons reprendre aujourd’hui, la prière pénitentielle adaptée à nos réalités, qui vous a été proposée à Troyes, sous forme écrite, il y a un certain nombre d’années.

Nous péchons constamment contre Dieu que nous évacuons de notre vie, dont Il est absent parce que cela nous arrange. Dès que nous sommes sortis de l’église, nous vivons comme s’Il n’existait pas. Nous pensons que nous croyons en Lui, mais nous n’en assumons pas les conséquences, et nous portons un contre-témoignage, car le Christ nous demande d’être le sel de la terre, alors que, par notre attitude, nous permettons à ceux qui ne croient pas, d’attribuer nos défauts à l’Eglise, dont nous sommes membres. Si nous croyions vraiment en Dieu, nous serions conscients en permanence de Sa présence, et nous pécherions beaucoup moins. Qui se livre à un excès de vitesse devant un radar ? Qui commet une infraction devant un représentant des forces de l’ordre ? Qui dit en face de quelqu’un tout le mal qu’il pense de lui ?

Nous péchons contre Dieu quand nous lui accordons beaucoup moins de temps qu’à nos loisirs qui ne sont pas, eux-mêmes, toujours sources de régénération spirituelle ; quand nous préférons lire un ouvrage ou une revue médiocres ou regarder une émission tout aussi médiocre plutôt que de consacrer un peu de temps à la prière ou à la lecture des Ecritures.      Nous péchons contre Dieu quand nous oublions de Le remercier quand tout va bien, ou en tout cas, pas si mal ; quand nos prières ne sont qu’un catalogue de requêtes égoïstes.          Nous péchons contre Dieu quand nous avons peur de l’avenir, parce que nous manquons de confiance en Lui.

Nous péchons contre Dieu quand nous Le tenons pour responsable des malheurs qui nous arrivent ou des épreuves que nous traversons et Lui en voulons pour cela. Nous ne comprenons pas que les épreuves sont nécessaires à notre progression. Un enfant n’apprend pas à marcher en un jour, il affronte des difficultés, il tombe avant de se relever. Il en va de même dans la vie spirituelle. Ayons la force de remercier Dieu pour les épreuves qui nous permettent de nous relever.

Nous péchons contre Dieu quand nous Lui adressons des prières automatiques, sans réfléchir à ce que nous Lui disons, comme si nous accomplissions un devoir qui devrait Le satisfaire. Nous péchons contre Lui quand nous estimons qu’Il est notre obligé quand nous venons à la liturgie, alors que c’est exactement le contraire.

Nous péchons contre Dieu quand nous oublions à quel point nous sommes pécheurs, quand nous perdons la conscience de nos fautes et estimons que nous ne sommes pas si mauvais que cela. Nous péchons quand nous demandons le pardon de nos fautes sans demander notre guérison, car elle impliquerait des changements dans notre vie que nous ne sommes pas prêts à assumer.

Nous péchons contre Dieu quand nous essayons de trouver des justifications à nos manquements envers Lui et envers notre prochain, quand nous nous mettons nous-mêmes et notre bien-être au centre de nos préoccupations et ne voyons dans notre prochain qu’un instrument à notre service.

Pardonne-nous, Seigneur, de ne pas T’aimer de tout notre cœur, de toute notre âme et de tout notre esprit et envoie-nous Ton Esprit pour nous guérir de nos infirmités, car nous ne pouvons rien sans Ton aide.

Nous péchons constamment contre les hommes et contre nous-mêmes quand nous nous mettons en colère, quand nous restons indifférents aux souffrances des autres ou essayons de ne pas les voir pour ne pas être gênés dans notre confort personnel.

Nous péchons contre les hommes et contre Dieu quand nous jugeons notre prochain. Nous ne nous rendons pas compte de ce que nous demandons dans la prière du Seigneur. En disant: “pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés”, nous signons notre condamnation. Pardonne-nous, Seigneur, comme nous essayons de pardonner notre prochain. Nous péchons aussi quand nous oublions les bienfaits dont nous avons bénéficié de la part de notre prochain, alors que nous gardons en mémoire la moindre vexation que nous avons subie.

Nous péchons contre notre prochain lorsque nous le jugeons et condamnons ses fautes même réelles, et quand nous passons en revue ses faits et gestes en son absence. Pardonne-nous, Seigneur, accorde-nous la maîtrise de nos paroles, et la sagesse de ne dire d’autrui que ce que nous serions capables de lui dire en face.

Nous péchons contre Dieu, contre notre prochain et nous-mêmes, et nous détruisons l’image de Dieu en nous, quand nous éprouvons de l’envie, quand nous éprouvons une joie mauvaise à la vue des défauts ou des échecs de notre prochain.

Nous péchons contre notre prochain quand nous ne parvenons pas à aimer ceux qui nous ont fait souffrir. Pardonne-nous, Seigneur, et donne-nous au moins la force de ne pas les détester et ne pas leur vouloir du mal.

Nous péchons contre nous-mêmes, lorsque poussés par notre orgueil, nous voulons à tout prix avoir raison.

“Seigneur, délivre-nous du désir d’éviter les vexations, d’imposer nos opinions, de voir nos conseils acceptés, d’être félicités, d’être loués, d’être respectés, d’être les premiers, d’être aimés; délivre-nous de la peur d’être négligés, d’être soupçonnés, de ne pas être reconnus, d’être mal compris, d’être rejetés, d’être calomniés, d’être humiliés, d’être ridiculisés. Aide-nous, Seigneur, à accepter avec amour et à supporter que d’autres soient mieux considérés que nous ; que l’on ne nous remarque pas, alors que d’autres ont des marques d’attention, que nous n’ayons pas la première place, que l’on nous préfère d’autres personnes, … Accorde-nous, Seigneur la grâce de l’humilité et de l’amour”. (p. Alexandre Men’)

Nous péchons contre Dieu et contre nous-mêmes quand nous éprouvons de la vanité, de la suffisance, quand nous avons des pensées impures, quand nous employons des mots choquants, alors que nous aurons à répondre de toute parole que nous aurons prononcée, quand nous nous livrons à des excès en tous genres dans les domaines de l’alimentation, de la boisson ou des distractions alors que ces excès détruisent notre vie sur les plans matériel et spirituel.

Nous péchons contre Dieu et notre prochain quand nous ne faisons pas le bien que nous pourrions faire, par paresse ou par égoïsme. Nous péchons contre Dieu, contre notre prochain et contre nous-mêmes quand par notre négligence ou notre consommation excessive nous contribuons à la destruction de la planète qui nous été confiée par Dieu, et à l’appauvrissement de populations qui sont déjà pauvres.

Nous savons que nous sommes faibles et que nous ne pouvons rien faire sans Ton aide, Seigneur. Envoie-nous Ton Esprit afin qu’Il nous guide dans notre vie, qu’Il nous guérisse de nos infirmités et nous permette de communier aujourd’hui sans que cela soit pour nous un jugement ou une condamnation.