Liturgie du dimanche 20 septembre 2015-09-18
Il est très rare qu’il soit fait mention de l’actualité dans notre liturgie où nous sommes appelés à « déposer les soucis de ce monde », et tout membre du clergé doit respecter une totale neutralité sur le plan politique et doit toutefois prier pour les autorités civiles du pays où il réside. Nous allons faire aujourd’hui une exception à la première règle et je vais vous lire un communiqué de l’Assemblée des Evêques Orthodoxes de France qui rassemble tous les évêques orthodoxes canoniques, responsables de communautés dépendant de plusieurs Patriarcats, dont celui dont nous dépendons.
Communiqué de l’Assemblée des Évêques Orthodoxes de France
« N’oubliez pas l’hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges » (Hb. 13, 2)
Les évêques membres de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France (AEOF) manifestent leurs plus vives préoccupations face au drame humanitaire qui se déroule aujourd’hui en Méditerranée orientale. Les conflits, notamment dans cette partie du monde, qui nécessitent un règlement, ont poussé de nombreuses populations sur le chemin de l’exil, le plus souvent, au péril de leur vie.
La théologie orthodoxe à l’égard des migrants, des étrangers, des exilés est sans appel. Elle se fonde sur les paroles du Christ lui-même : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli » (Mt 25, 35) et donne en exemple les gestes de charité du bon Samaritain (Lc 10, 25-37).
L’AEOF est donc attachée à l’accueil des migrants en France. D’ailleurs, la présence orthodoxe dans le pays est elle-même le fruit de multiples flux migratoires qui, pour des raisons politiques comme économiques, ont poussé des populations d’Asie-Mineure, du Proche-Orient, des Balkans et d’Europe orientale à y trouver refuge. Dans ce contexte de déracinement, en réponse au déchirement de l’exil, ces populations orthodoxes ont trouvé la force de s’intégrer dans un tissu sociopolitique hospitalier, tout en se constituant en diaspora. Car la France reste jusqu’à aujourd’hui un pays d’accueil, lui-même façonné par l’immigration.
La crise migratoire à laquelle la France fait face aujourd’hui ne se limite pas aux frontières de l’Hexagone, mais elle constitue aussi un défi pour l’Europe et au-delà. Il ne pourra y avoir de solidarité véritable avec les migrants, s’il n’existe pas une solidarité préalable entre les États de l’Union européenne, facilitant le partage de l’effort d’accueil et permettant de repenser la question du droit d’asile de manière plus inclusive. En effet, certains pays, comme la Grèce, sont frappés de plein fouet par cette tragique réalité et ont besoin de la mise en place de mécanismes favorisant une approche d’urgence (« hotspot ») pour permettre le traitement rapide des demandes d’asile.
Enfin, l’AEOF soutient les initiatives mises en œuvre par l’État français devant permettre l’accueil des milliers de migrants qui fuient les violences dans leur pays d’origine. Elle félicite tous les organismes politiques, associatifs et religieux, qui s’engagent en faveur de l’accueil des migrants. Elle invite ses fidèles à prier pour la paix dans ces régions du monde où le terrorisme fait rage et à se mobiliser massivement en faveur de ces populations les plus vulnérables.
Paris, le 11 septembre 2015
Ce communiqué émanant de l’ensemble des évêques orthodoxes dépendant de Patriarcats canoniques ne prête pas à discussion. Il ne s’agit pas d’opinions individuelles et personnelles, mais de la voix de l’Eglise.